Jean-Marie – Du Jazz au Blues

Chroniques du Temps Covidien 11

L’Echappée Musicale 3 – Du Jazz au Blues…

Ce n’est pas une resucée du paradoxe de l’oeuf et de la poule, je m’intéresse simplement à deux excellents musiciens qui ont commencé dans le Jazz pour tardivement faire un passage remarqué dans le Blues.

Commençons par James Blood Ulmer, guitariste et chanteur qui est né en 1942 dans une famille très religieuse de Caroline du Nord. Si son père, prêcheur, lui achète une guitare c’est pour le préparer à la vie évangélique. Mais c’est sans compter sur les musiques du diable, rock, western, country blues, que les radios, instruments du diable aussi, diffusent allègrement détournant notre bonhomme du droit chemin. Durant son adolescence il a l’occasion de se frotter avec des quartets de gospel comme les Dixie Hummingbirds ou les Mighty Clouds of Joy. Il joue ensuite dans des formations Rhythm and Blues puis de jazz, Jimmy Smith, Richard Groove Holmes, Art Blakey… Il est alors surtout connu comme guitariste de jazz progressif. Ce qui ne l’empêche à l’occasion de faire des écarts rocks ou hendrixiens. C’est un musicien très original qui a un parcours très en dehors du show-biz.

C’est le guitariste Vernon Reid qui le convainc d’enregistrer un album de standards du blues en 2001. Vernon Reid est le fondateur Du Living Colour en 84 et de l’association Black Rock Coalition dont le but est de lutter contre les cloisonnements raciaux entre les genres musicaux, et contre l’exploitation et la marginalisation des musiciens noirs aux USA. De cette collaboration vont sortir 3 ou 4 albums blues tous originaux et passionnants. Les nombreuses expériences de Ulmer nourrissent sa créativité. Il réinvente avec bonheur de vieux standarts éculés auxquels sa voix puissante et éraillée donnent une profondeur et une richesse expressive bienvenues.

Le 1er album Memphis Blood, the Sun sessions sort en 2003 puis No Escape from the blues ; the electric lady sessions également en 2003, Birthright en 2005, et Bad Blood In The City en 2007. Je n’en connais pas d’autres

Du second No Escape from The Blues j’ai retenu The Blues Had A Baby and Called It Rock N Roll

Sur le même album No Escape From The Blues, J B Ulmer reprend un grand classique Bright Lights Big City sur lequel il on entend un trompettiste l’accompagner.

Le trompettiste s’appelle Olu Dara. De son vrai nom Charles Jones il est né dans une famille de musiciens en 1941, c’est la même génération que J B Ulmer. Il a grandi à Natchez, ville musicienne où, dit-il «  on pouvait y entendre de la musique sacrée, des ensembles gospel, de la musique juive, du delta-blues, du rhythm’n’blues, de l’opéra. A Natchez même, on pouvait tout voir… sauf le blues. Je ne sais pas pourquoi, mais il n’y avait pas de clubs blues en ville, ils étaient tous à l’écart dans la forêt. »

Curieusement ce natif du Mississippi qui se dit bluesman dans l’âme et joue du country blues chez lui quand il a envie de musique, a en fait commencé par jouer du jazz. Trompettiste et guitariste il rentre en 63 de son service militaire et s’installe à New York où il a atterri un peu par hasard.

On m’appréciait parce que je pouvais m’adapter à toutes les formations, à tous les styles musicaux. Pourtant, je ne connaissais rien au jazz, je n’avais jamais vécu dans cet environnement.

Il a donc accompagné de grands noms du jazz mais pas seulement, Art Blakey, David Murray, Henry Threadgill, Julius Hemphill, Cassandra Wilson, Taj Mahal, Material, Brian Eno. C’est évidemment dans ce milieu qu’il a connu J B Ulmer.

Il a dû participer à plus d’une soixantaine de disques sans jamais enregistrer sous son nom. C’est donc un parfait inconnu du public quand à 57 ans, en 1998, il enregistre son 1er album In the world ­- from Natchez to New York (Atlantic/Warner Jazz). Son fils, le rappeur Nas, le tannait depuis quelques temps pour qu’il fasse le pas.

Et il en sort un album particulièrement frais qui surprend et séduit tout le monde où Olu Dara mélange avec bonheur, blues rase-mottes, swing néo orléanais, musiques Caraïbes chaloupées, ballades africaines…

Sur le morceau que j’ai choisi, Olu Dara est au chant et au cornet,

Rainshower

Vivent les métissages de toutes sortes !

Bien à vous

et bonne « confinuation ».

Jean Marie


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