Carole – C’était mon anniversaire

C’était mon anniversaire

Le 5 avril c’était mon anniversaire. C’était un dimanche et le dimanche j’ai une routine. A moins d’un événement exceptionnel, je vais de bon matin à la gare de Douai pour prendre le train de 09 h 36 en destination de Lille. A mon arrivée dans la capitale des Flandres je déambule rue Faidherbe puis je pars vers le marché de la Place du Concert dans le Vieux Lille (le quartier … pas le fromage… quoique). Il y a les couleurs des étals de fruits et légumes qu’ils soient ceux de détaillants ou de producteurs locaux. Il y a l’odeur des poulets qui tournent à la broche. Il y a les fromagers, l’apiculteur et puis le commerçant qui propose un potage différent chaque dimanche. Il y a aussi la petite épicerie vrac ambulante. Tous ces bruits, toutes ces odeurs me manquent. Mais je ne fais que passer par ce lieu car mon but est tout autre : j’attends tranquillement que l’heure arrive pour aller au cinéma. Hé oui, tous les dimanches (sauf exception exceptionnelle) je me fais mon programme de 3 ou 4 films. Le Majestic et l’UGC de la rue de Béthune n’ont presque plus de secrets pour moi, Le Métropole rue des Ponts de Comines et ses escaliers interminables pour aller en salle 2 non plus. C’était ce que j’avais prévu de faire ce dimanche 5 avril 2020 et là … c’est le drame !

Depuis le 14 mars 16 h 30 je n’ai pas remis les pieds à Lille, ni même dans une salle de cinéma. Et ça me manque. Mais revenons à ce dimanche 5 avril. J’ai eu un cadeau : une demi bouteille de champagne à ma porte avec un message pour la partager en visio avec le couple d’amis qui me l’offrait. Nous avons partagé ce moment à l’heure de l’apéro, dehors, sous le soleil… et j’en garde un excellent souvenir ainsi que de tous les messages que j’ai reçus ce jour-là. C’est vrai que le confinement donne une autre saveur aux choses. Mais à mon âge je relativise : je suis privée de choses que j’aime mais je sais que c’est pour mon bien, pour le bien de ma famille, de mes amis. Pour le bien de la collectivité… et puis nous avons tous ces merveilleux moyens de communication.

Et justement à propos de communication et de moyens de communication, je pense à S. (je ne vous donne que son initiale pour des raisons de confidentialité). S. est une merveilleuse petite fille de 5 ans et à son âge la vie ne lui a pas vraiment fait de cadeaux. En ce moment elle est dans une famille d’accueil en région lilloise parce qu’une personne de son entourage (la justice poursuit l’enquête) l’a négligée (je reste vague puisque la justice poursuit son cours). S. a eu 5 ans le 26 mars. Le cadeau d’anniversaire que devait lui donner son papa de ma part est toujours là. Il en est de même pour son cadeau de Noël. Pour de sombres raisons de justice en grève il n’a pas été possible de gérer depuis décembre le samedi par quinzaine qui était accordé à son père (qui n’a jamais été mis en cause par la justice et qui est partie civile dans cette affaire), il n’est plus possible à son père de la voir par quinzaine en visite médiatisée depuis la mi-mars (ce qui est compréhensible). Mais, ce que je trouve pire, c’est qu’il n’a pas été possible à son papa de lui souhaiter un bon anniversaire par téléphone… et encore moins à sa grand-mère qu’elle n’a pas vue depuis début décembre. L’interdit est venu de l’assistante sociale qui suit le dossier… pour quelles raisons ? Mystère ! Je pense à S. que le confinement n’aura pas épargné de nouveau et je ne comprends pas pourquoi un coup de téléphone peut être aussi dangereux… Le confinement a privé S. de plaisirs de la vie en ce mois de mars. Est-ce que c’est pour son bien ? Est-ce que c’est pour le bien de sa famille ? pour le bien de la collectivité ? Et pourtant ne dit-on pas « le bonheur … c’est simple comme un coup de fil ! ».

Profitons donc des bons moments que nous pouvons encore avoir aujourd’hui tout en respectant les gestes barrières avec notre famille, nos amis, nos voisins … comme les gaufres, les tartelettes aux pommes, un bout de brioche maison donnés aux voisins, jusque comme ça, pour le plaisir de faire sourire et d’en mettre plein les bourrelets (je pense aux leurs et aux miens).

Carole LECHEVIN


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1 réponse

  1. Daniel dit :

    Merci Carole pour ces témoignages , et bon anniversaire avec retard , je ressent les même choses dès qu’il s’agit de refaire ce que l’on aimait avant ce confinement . J’ai une pensée pour tes gâteaux ( miam) , pour cette petite ” S ” , qui , je l’espère,trouvera sa voie dans ce monde de brutes ! Quand à tes films, tu les retrouveras car ils t’attendent!!!
    A bientôt , continue à nous entretenir de tes billets d’humeur , vises, Daniel.

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